dimanche 14 février 2010

Ces chercheurs qui ont refusé 15.000 euros de prime

Publié le 14/02/2010 à 17:34 - Modifié le 15/02/2010 à 08:24 Le Point.fr

Un chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a refusé une prime d'excellence scientifique de 15.000 euros ! La raison ? Protester contre la politique de différenciation salariale du gouvernement, sa lettre postée sur le site du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU).

Le biologiste, François Bonhomme, directeur de recherche à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISE-M), a reçu en décembre un courrier lui annonçant le versement de la prime au titre de sa médaille d'argent du CNRS, obtenue pour ses travaux scientifiques en 1996.

"Je ne suis pas du tout partisan de la politique de différenciation salariale qui est en train de se mettre en place dans la recherche publique française", déclare le chercheur dans sa réponse.

Un précédent

"Je ne me berce pas d'illusions d'un monde égalitaire", poursuit François Bonhomme, qui juge cependant que les scientifiques "apprécient aussi de ne pas se sentir en concurrence trop directe avec leurs collègues".

Le chercheur refuse notamment un système dans lequel des "capitaines de recherche négocieront leur salaire à l'embauche tout en ayant à leur service une armée de contractuels taillables et corvéables à merci".

François Bonhomme a demandé à ce que sa prime étalée sur quatre ans soit reversée à la Fondation de France, qui recueille des dons pour aider les personnes vulnérables, développer la connaissance et protéger l'environnement.

À l'automne, un autre médaillé d'argent du CNRS, Didier Chatenay, avait aussi annoncé qu'il refuserait sa prime de 15.000 euros.

Fin janvier 2010, cinq syndicats de chercheurs et le collectif "Sauvons l'Université" (SLU) ont adressé une lettre à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse demandant l'abandon de la prime d'excellence scientifique en échange d'une augmentation des possibilités de promotion et d'une "création massive de postes titulaires afin de résorber la précarité".