vendredi 12 juin 2009

Axel Kahn partisan d'une sélection à l'entrée des universités

Axel Kahn partisan d'une sélection à l'entrée des universités, La Croix, 9 juin 2009 Lien

Le généticien Axel Kahn, président de l’université Paris V, est favorable à une sélection à l’entrée de l’université si l’on propose une alternative aux candidats malheureux. Entretien


Une sélection à l’entrée de l’université permettrait-elle de redonner de son prestige à l’université ?

Axel Kahn : La sélection serait en effet une solution, mais à condition de la mettre en place dans un cadre aménagé au niveau national et de proposer une alternative à ceux qui n’auraient pas été retenus. Dans mon université, la moitié des étudiants sont inscrits dans des filières sélectives, comme la médecine, la pharmacie et la chirurgie dentaire. Environ 40% d’entre eux ont obtenu un bac S avec mention très bien, 30% sortent de cette même série avec la mention bien.

Dans le reste des filières, on trouve surtout des bacheliers issus des autres séries et qui généralement présentent des mentions passable ou assez bien. Ces résultats ne leur auraient pas permis de rejoindre des filières sélectives, écoles ou IUT. Et la fac, parfois choisie par défaut, est la seule possibilité qui s’offre à eux s’ils souhaitent entamer des études supérieures. Instaurer la sélection dans certaines universités, si d’aventure la loi l’autorisait, reviendrait à renvoyer ces jeunes vers d’autres universités non sélectives et à les placer dans une situation encore plus délicate.
Quelle solution globale proposez-vous ?

Il s’agirait d’instituer, en corollaire de la sélection à l’entrée de l’université, des filières parallèles non sélectives basées sur le modèle du "collège" anglo-saxon, pour mieux prendre en compte les origines socioculturelles des étudiants. On y dispenserait, par petits groupes, avec un encadrement important et le renfort de professeurs du secondaire, un enseignement professionnalisant, qui permettrait aussi de faire émerger les personnes à même de poursuivre des études à l’université.
Comment rassurer les jeunes qui, après le baccalauréat, s’apprêtent à rejoindre l’université ?

Il faut leur dire que l’université, lieu de l’impertinence intellectuelle et de l’apprentissage citoyen, possède un atout non égalé dans le domaine de la recherche, qui nourrit les enseignements. Mais je voudrais aussi rappeler aux universitaires que ce message-là n’est pas audible lorsque, après des semaines sans cours, on doit bricoler des examens à la dernière minute. Ne soyez pas masochistes ! Les jeunes et leurs parents qui travaillent pour financer les études veulent un diplôme qui ait une valeur sur le marché de l’emploi.
Recueilli par Denis PEIRON